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sonnable partit comme une flèche et emporta jusque dans Athènes un cavalier en robe de chambre et en pantoufles.

L’an dernier, le secrétaire et l’attaché d’une autre légation prirent au manége deux déraisonnables, dont on leur garantit l’innocence. À cent pas de la ville, les deux jeunes gens crurent prudent de descendre de cheval ; ils eurent le courage de traverser Athènes à pied, menant leurs montures par la bride. À cheval déraisonnable, cavalier trop raisonnable.

Les déraisonnables se nourrissent d’orge sèche pendant onze mois de l’année, et d’orge verte pendant un mois. L’orge sèche les échauffe abominablement. Au mois d’avril on les lâche dans un champ d’orge pour vingt ou vingt-cinq jours ; ils en sortent maigres et purgés.

Les puissances qui occuperont militairement la Grèce feront sagement de n’y transporter que de l’infanterie : nos chevaux ne s’accoutumeraient pas à ce régime, et nos soldats ne se feraient point aux chevaux du pays.

Les pâturages de la Béotie et de la Locride ne restent verts que deux ou trois mois. On n’y récolte pas de foin ; et quand même on en récolterait, on n’aurait aucun moyen de le transporter.

L’âne est moins dégradé en Orient que chez nous. Les poëtes en ont parlé comme d’un animal fougueux. Homère compare Ajax à un âne, sans songer à l’humilier. Les ânes d’aujourd’hui ne sont pas des Ajax, mais de braves petites bêtes qui ont le pied sûr, qui galopent au besoin, et qui font dix lieues par jour lorsqu’il leur plaît.