Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nants ; elle marchait fort tranquillement dans la maison à dix heures du soir, sans lumière. Quelques mois avant le départ de Léon, lorsque sa mère était morte, elle n’avait voulu partager avec personne le triste bonheur de veiller en priant dans la chambre mortuaire.

« Cela nous apprendra, dit la tante, à rester sur pied passé dix heures ; que dis-je ? il est minuit moins un quart. Viens, mon enfant ; tu achèveras de te remettre dans ton lit.

Clémentine se leva avec soumission, mais au moment de sortir du laboratoire elle revint sur ses pas, et, par un caprice encore plus inexplicable que sa douleur, elle voulut absolument revoir la figure du colonel. Sa tante eut beau la gronder ; malgré les observations de Mlle Sambucco et de tous les assistants, elle rouvrit la boîte de noyer, s’agenouilla devant la momie et la baisa sur le front.

« Pauvre homme ! dit-elle en se relevant ; comme il a froid ! Monsieur Léon, promettez-moi que s’il est mort, vous le ferez mettre en terre sainte !

— Comme il vous plaira, mademoiselle. Je comptais l’envoyer au musée anthropologique, avec la permission de mon père ; mais, vous savez que nous n’avons rien à vous refuser. »

On ne se sépara pas aussi gaiement à beaucoup près qu’on ne s’était abordé. M. Renault et son fils reconduisirent Mlle Sambucco et sa nièce jusqu’à