comme simple soldat, malgré sa capacité, sa force physique et sa tournure de vingt-quatre ans.
« Mais alors, s’écria Fougas, qu’on me tue ! Je ne peux pas mettre à peser du sucre ou à planter des choux ! C’est dans la carrière des armes que j’ai fait mes premiers pas, il faut que j’y reste ou que je meure. Que faire ? que devenir ? Prendre du service à l’étranger ? Jamais ! Le destin de Moreau est encore présent à mes à yeux… Ô fortune ! que t’ai-je fait pour être précipité si bas lorsque tu te préparais à m’élever si haut ? »
Clémentine essaya de le consoler par de bonnes paroles.
« Vous resterez auprès de nous, lui dit-elle ; nous vous trouverons une jolie petite femme, vous élèverez vos enfants. À vos moments perdus, vous écrirez l’histoire des grandes choses que vous avez faites. Rien ne vous manque : jeunesse, santé, fortune, famille, tout ce qui fait le bonheur des hommes, est à vous ; pourquoi donc ne seriez-vous pas heureux ? »
Léon et ses parents lui tinrent le même langage. On oubliait tout en présence d’une douleur si vraie et d’un abattement si profond.
Il se releva petit à petit et chanta même au dessert une chanson qu’il avait préparée pour la circonstance.
Époux, épouse fortunée,
Vous allez dans cet heureux jour,