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n’attendit pas le premier coup. Une lutte corps à corps s’engagea dans l’allée, au milieu des cris de Gothon, de M. Renault et de la pauvre dame, qui criait à l’assassin ! Léon se débattait, frappait, et lançait de temps à autre un vigoureux coup de poing dans le torse de son ennemi. Il succomba pourtant ; le colonel finit par le renverser sur le sol et le tomber parfaitement, comme on dit à Toulouse. Alors il l’embrassa sur les deux joues et lui dit :

« Ah ! scélérat d’enfant ! je te forcerai bien de m’écouter ! Je suis le grand-père de Clémentine, et je te la donne en mariage, et tu l’épouseras demain si tu veux ! Entends-tu ? Relève-toi maintenant, et ne me donne plus de coups de poing dans l’estomac. Ce serait presque un parricide ! »

Mlle Sambucco et Clémentine arrivèrent au milieu de la stupéfaction générale. Elles complétèrent le récit de Fougas, qui s’embrouillait dans la généalogie. Les témoins de Léon parurent à leur tour. Ils n’avaient pas trouvé l’ennemi à l’hôtel où il était descendu, et s’apprêtaient à rendre compte de leur ambassade. On leur fit voir un tableau de bonheur parfait et Léon les pria d’assister à la noce.

« Amis, leur dit Fougas, vous verrez la nature désabusée bénir les chaînes de l’amour. »