toute ma vie. Si vous ne voulez pas que j’épouse le pauvre Léon, je renoncerai à lui. Je l’aime bien pourtant, et un seul mot de lui jette plus de trouble dans mon cœur que toutes les belles choses que vous m’avez dites.
— Bien ! très-bien ! s’écria la tante. Quant à moi, monsieur, quoique vous ne m’ayez pas fait l’honneur de me consulter, je vous dirai ce que je pense. Ma nièce n’est pas du tout la femme qui vous convient. Fussiez-vous plus riche que M. de Rothschild et plus illustre que le duc de Malakoff, je ne conseillerais pas à Clémentine de se marier avec vous.
— Et pourquoi donc, chaste Minerve ?
— Parce que vous l’aimeriez quinze jours, et au premier coup de canon vous vous sauveriez à la guerre ! Vous l’abandonneriez, monsieur, comme cette infortunée Clémentine dont on nous a conté les malheurs !
— Morbleu ! la tante, je vous conseille de la plaindre ! Trois mois après Leipzig, elle épousait un nommé Langevin, à Nancy.
— Vous dites ?
— Je dis qu’elle épousait un intendant militaire appelé Langevin.
— À Nancy ?
— À Nancy même.
— C’est bizarre !
— C’est indigne !