Vergaville, mariait Cadet Langevin son second fils. La famille du meunier était nombreuse, honnête et passablement aisée. Il y avait d’abord le grand-père, un beau vieillard solide, qui faisait ses quatre repas et traitait ses petites indispositions par le vin de Bar ou de Thiaucourt. La grand’mère Catherine avait été jolie dans les temps et quelque peu légère, mais elle expiait par une surdité absolue le crime d’avoir écouté les galants. M. Pierre Langevin, dit Pierrot, dit Gros-Pierre, après avoir cherché fortune en Amérique (c’est un usage assez répandu dans le pays), était rentré au village comme un petit saint Jean, et Dieu sait les gorges chaudes qu’on fit de sa mésaventure ! Les Lorrains sont gouailleurs au premier degré ; si vous n’entendez pas plaisanterie, je ne vous conseillerai jamais de voyager dans leurs environs. Gros-Pierre, piqué au vif, et quasi furieux d’avoir mangé sa légitime, emprunta de l’argent à dix, acheta le moulin de Vergaville, travailla comme un cheval de labour dans les terres fortes, et remboursa capital et intérêts. La fortune qui lui devait quelques dédommagements lui fournit gratis pro Deo une demi-douzaine d’ouvriers superbes : six gros garçons, que sa femme lui donna d’année en année. C’était réglé comme une horloge. Tous les ans, neuf mois jour pour jour après la fête de Vergaville, la Claudine, dite Glaudine, en baptisait un. Seulement, elle mourut après le sixième, pour
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