« C’est admirable, pensa Fougas, comme nous nous conservons dans la famille ! On ne donnerait pas trente-cinq ans à ce gaillard-là, et il en a bel et bien quarante-six. Par exemple, il ne me ressemble pas du tout, il tient de sa mère !
— Mon ami, dit Mme Langevin, voici un mauvais sujet qui promet d’être bien sage.
— Soyez le bienvenu, jeune homme ! » dit le conseiller en serrant la main de Fougas.
Cet accueil parut froid à notre pauvre héros. Il rêvait une pluie de baisers et de larmes, et ses enfants se contentaient de lui serrer la main.
« Mon enf…, monsieur, dit-il à Langevin, il manque une personne à notre réunion. Quelques torts réciproques, et d’ailleurs prescrits par le temps, ne sauraient élever entre nous une barrière insurmontable. Oserais-je vous demander la faveur d’être présenté à Mme votre mère ? »
M. Langevin et sa femme ouvraient de grands yeux étonnés.
« Comment, monsieur, dit le mari, il faut que la vie de Paris vous ait fait perdre la mémoire. Ma pauvre mère n’est plus ! Il y a déjà trois ans que nous l’avons perdue ! »
Le bon Fougas fondit en larmes.
« Pardon ! dit-il, je ne le savais pas. Pauvre femme !