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— Il s’habille, monsieur, et madame aussi.

— Et les enfants, mes chers petits-enfants ?

— Si vous voulez les voir, ils sont là dans la salle à manger.

— Si je le veux ! Ouvre bien vite ! »

Il trouva que le petit garçon lui ressemblait, et il se réjouit de le voir en costume d’artilleur avec un sabre. Ses poches se vidèrent sur le parquet et les deux enfants, à la vue de tant de bonnes choses, lui sautèrent au cou.

« Ô philosophes ! s’écria le colonel, oseriez-vous nier la voix de la nature ? »

Une jolie petite dame (toutes les jeunes femmes sont jolies à Nancy) accourut aux cris joyeux de la marmaille.

« Ma belle-fille ! » cria Fougas en lui tendant les bras.

La maîtresse du logis se recula prudemment et dit avec un fin sourire :

« Vous vous trompez, monsieur ; je ne suis ni vôtre, ni belle, ni fille ; je suis Mme Langevin.

— Que je suis bête, pensa le colonel ; j’allais raconter devant ces enfants nos secrets de famille ! De la tenue, Fougas ! Tu es dans un monde distingué, où l’ardeur des sentiments les plus doux se cache sous le masque glacé de l’indifférence.

— Asseyez-vous, dit Mme Langevin ; j’espère que vous avez fait bon voyage ?