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Si vous voulez vous faire une idée approximative des cris perçants qui lui répondirent, allez au jardin des plantes à l’heure du déjeuner des oiseaux de proie, et essayez de leur arracher la viande du bec. Fougas se boucha les oreilles et demeura inébranlable. Les prières, les raisonnements, les mensonges, les flatteries, les bassesses glissaient sur lui comme la pluie sur un toit de zinc. Mais à dix heures du soir, lorsqu’il jugea que tout accommodement était impossible, il prit son chapeau :

« Bonsoir, dit-il. Ce n’est plus un million qu’il me faut, mais deux millions et le reste. Nous plaiderons. Je vais souper. »

Il était déjà dans l’escalier, quand Mme Meiser dit à son mari :

« Rappelle-le et donne-lui son million !

— Es-tu folle ?

— N’aie pas peur.

— Je ne pourrai jamais !

— Dieu ! que les hommes sont bêtes ! Monsieur ! monsieur Fougas ! monsieur le colonel Fougas ! Remontez, je vous en prie ! nous consentons à tout ce que vous voulez !

— Sacrebleu ! dit-il en rentrant, vous auriez bien dû vous décider plus tôt. Mais enfin, voyons la monnaie ! »

Mme Meiser lui expliqua de sa voix la plus