sous quelle latitude fait-on payer les intérêts de l’argent ? Cela se voit peut-être dans le commerce, mais entre amis ! jamais, au grand jamais, mon bon monsieur le colonel ! Que dirait mon pauvre oncle, qui nous voit du haut des cieux, s’il savait que vous réclamez les intérêts de sa succession ?
— Mais, tais-toi donc, Nickle ! reprit la femme. M. le colonel vient de te dire lui-même qu’il ne voulait pas entendre parler des intérêts.
— Nom d’un canon rayé ! vous tairez-vous, pies borgnes ? Je crève de faim, moi, et je n’ai pas apporté mon bonnet de coton pour coucher ici !… Voici l’affaire. Vous me devez beaucoup, mais la somme n’est pas ronde, il y a des fractions et je suis pour les affaires nettes. D’ailleurs, mes goûts sont modestes. J’ai ce qu’il me faut pour ma femme et pour moi ; il ne s’agit plus que de pourvoir mon fils !
— Très-bien ! cria Meiser. Je me charge de l’éducation du petit !…
— Or, depuis une dizaine de jours que je suis redevenu citoyen du monde, il y a un mot que j’entends dire partout. À Paris comme à Berlin, on ne parle plus que de millions ; il n’est plus question d’autre chose et tous les hommes ont des millions plein la bouche. À force d’en entendre parler, j’ai eu la curiosité de savoir ce que c’est. Allez me chercher un million, et je vous donne quittance ! »