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On lui permit enfin de se mettre en route. Le fiacre était toujours là ; l’introducteur ralluma sa pipe, dit trois mots au cocher et s’assit à la gauche du colonel. La voiture partit au trot, gagna les boulevards et prit la direction de la Bastille.

Elle arrivait à la hauteur de la porte Saint-Martin, et Fougas, la tête à la portière, continuait à préparer son improvisation, lorsqu’une calèche, attelée de deux alezans superbes, passa pour ainsi dire sous le nez du rêveur. Un gros homme à moustache grise retourna la tête et cria : « Fougas ! »

Robinson découvrant dans son île l’empreinte du pied d’un homme ne fut ni plus étonné ni plus ravi que Fougas en entendant ce cri de : « Fougas ! » Ouvrir la portière, sauter sur le macadam, courir à la calèche qui s’était arrêtée, s’y lancer d’un seul bond sans l’aide du marchepied et tomber dans les bras du gros homme à moustache grise : tout cela fut l’affaire d’une seconde. La calèche était repartie depuis longtemps lorsque l’agent de police au galop, suivi de son fiacre au petit trot, arpenta la ligne des boulevards, demandant à tous les sergents de ville s’ils n’avaient vu passer un fou.