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est-ce qui a dit ça, vous lui répondrez : C’est le colonel Fougas, décoré à Wagram de la propre main de l’Empereur ! »

Les deux jeunes gens se regardèrent, échangèrent un sourire, et le vicomte dit au marquis :

« What is that ?

A madman.

No, dear : a mad dog.

Nothing else.

— Très-bien, messieurs, cria le colonel. Parlez anglais, maintenant ; vous en êtes dignes ! »

Il changea de compartiment à la station suivante et tomba dans un groupe de jeunes peintres. Il les appela disciples de Xeuxis et leur demanda des nouvelles de Gérard, de Gros et de David. Ces messieurs trouvèrent la plaisanterie originale, et lui recommandèrent d’aller voir Talma dans la nouvelle tragédie d’Arnault.

Les fortifications de Paris l’éblouirent beaucoup, le scandalisèrent un peu.

« Je n’aime pas cela, dit-il à ses voisins. Le vrai rempart de la capitale c’est le courage d’un grand peuple. Entasser des bastions autour de Paris c’est dire à l’ennemi qu’il peut vaincre la France. »

Le train s’arrêta enfin à la gare de Mazas. Le colonel, qui n’avait point de bagages, s’en alla fièrement, les mains dans ses poches, à la recherche de l’hôtel de Nantes. Comme il avait passé trois mois