Cette vieille plaisanterie amusa un instant l’auditoire. On rit, et la moutarde monta de plus en plus au nez de Fougas.
« De mon temps, dit-il, un fantassin devenait cavalier en vingt-quatre heures, et celui qui voudrait faire une partie de cheval avec moi, le sabre à la main, je lui montrerais ce que c’est que l’infanterie !
— Monsieur, répondit froidement M. du Marnet, j’espère que les occasions ne vous manqueront pas à la guerre. C’est là qu’un vrai soldat montre son talent et son courage. Fantassins et cavaliers, nous appartenons tous à la France. C’est à elle que je bois, monsieur, et j’espère que vous ne refuserez pas de choquer votre verre contre le mien. À la France ! »
C’était, ma foi, bien parlé et bien conclu. Le cliquetis des verres donna raison à M. du Marnet. Fougas, lui-même, s’approcha de son adversaire et trinqua franchement avec lui. Mais il lui dit à l’oreille, en grasseyant beaucoup :
« J’espère, à mon tour, que vous ne refuserez pas la partie de sabre que j’ai eu l’honneur de vous offrir ?
— Comme il vous plaira, » dit le colonel de cuirassiers.
Le revenant, plus ivre que jamais, sortit de la foule avec deux officiers qu’il prit au hasard. Il leur