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— Oui, monsieur, et la preuve c’est que l’État est obligé d’acheter pour quatre ou cinq cents francs de cheval, afin de le compléter ! Et que le cheval reçoive une balle ou un coup de baïonnette, le cavalier n’est plus bon à rien. Avez-vous jamais vu un cavalier par terre ? C’est du joli !

— Je me vois tous les jours à pied, et je ne me trouve pas ridicule.

— Je suis trop poli pour vous contredire !

— Et moi, monsieur, je suis trop juste pour opposer un paradoxe à un autre. Que penseriez-vous de ma logique, si je vous disais (l’idée n’est pas de moi, je l’ai trouvée dans un livre), si je vous disais : « J’estime l’infanterie, mais le fantassin est un soldat incomplet, un déshérité, un infirme privé de ce complément naturel de l’homme de guerre qu’on appelle cheval ! J’admire son courage, je reconnais qu’il se rend utile dans les batailles, mais enfin le pauvre diable n’a que deux pieds à son service, lorsque nous en avons quatre ! Vous trouvez qu’un cavalier à pied est ridicule ; mais le fantassin est-il toujours bien brillant lorsqu’on lui met un cheval entre les jambes ? J’ai vu d’excellents capitaines d’infanterie que le ministre de la guerre embarrassait cruellement en les nommant chefs de bataillon. Ils disaient en se grattant l’oreille : « Ce n’est pas tout de monter en grade, il faut encore monter à cheval ! »