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voilà le solide et le certain, et tu seras mon garçon de noces !

— Pas encore ! Mlle Sambucco est mineure, et son tuteur est mon père.

— Ton père est un honnête homme ; et il n’aura pas la bassesse de me la refuser.

— Au moins vous demandera-t-il si vous avez une position, un rang, une fortune à offrir à sa pupille !

— Ma position ? colonel ; mon rang ? colonel ; ma fortune ? la solde du colonel. Et les millions de Dantzig ! il ne faut pas que je les oublie… Nous voici à la maison ; donne-moi le testament de ce bon vieux qui portait une perruque lilas ; donne-moi aussi des livres d’histoire, beaucoup de livres, tous ceux où l’on parle de Napoléon ! »

Le jeune Renault obéit tristement au maître qu’il s’était donné lui-même. Il conduisit Fougas dans une bonne chambre, lui remit le testament de M. Meiser et tout un rayon de bibliothèque, et souhaita le bonsoir à son plus mortel ennemi. Le colonel l’embrassa de force et lui dit :

« Je n’oublierai jamais que je te dois la vie et Clémentine. À demain, noble et généreux enfant de ma patrie ! à demain ! »

Léon redescendit au rez-de-chaussée, passa devant la salle à manger, où Gothon essuyait les verres et mettait l’argenterie en ordre, et rejoignit son père