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beaux combats de la campagne de France ; il rugit de douleur en assistant aux adieux de Fontainebleau. Le retour de l’île d’Elbe illumina sa belle et noble figure ; son cœur courut à Waterloo avec la dernière armée de l’Empire, et s’y brisa. Puis il serrait les poings et disait entre ses dents : « Si j’avais été là, à la tête du 23e, Blücher et Wellington auraient bien vu ! » L’invasion, le drapeau blanc, le martyre de Sainte-Hélène, la terreur blanche en Europe, le meurtre de Murat, ce dieu de la cavalerie, la mort de Ney, de Brune, de Mouton Duvernet et de tant d’autres hommes de cœur qu’il avait connus, admirés et aimés, le jetèrent dans une série d’accès de rage ; mais rien ne l’abattit. En écoutant la mort de Napoléon, il jurait de manger le cœur de l’Angleterre ; la lente agonie du pâle et charmant héritier de l’Empire lui inspirait des tentations d’éventrer l’Autriche. Lorsque le drame fut fini et le rideau tombé sur Schœnbrunn, il essuya ses larmes et dit : « C’est bien. J’ai vécu en un instant toute la vie d’un homme. Maintenant, montrez-moi la carte de France ! »

Léon se mit à feuilleter un atlas, tandis que M. Renault essayait de résumer au colonel l’histoire de la Restauration et de la monarchie de 1830. Mais Fougas avait l’esprit ailleurs.

« Qu’est-ce que ça me fait, disait-il, que deux cents bavards de députés aient mis un roi à la