Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Ce n’est toujours pas vous qui m’en remontrerez, mon petit monsieur ! »

Une goutte de sang qui lui tomba sur la main détourna le cours de ses idées :

« Tiens ! dit-il est-ce que je saigne ?

— Cela ne sera rien ; la circulation s’est rétablie, et votre oreille cassée…

Il porta vivement la main à son oreille et dit :

« C’est pardieu vrai. Mais du diable si je me souviens de cet accident-là !

— Je vais vous faire un petit pansement, et dans deux jours il n’y paraîtra plus.

— Ne vous donnez pas la peine, mon cher Hippocrate ; une pincée de poudre, c’est souverain ! »

M. Nibor se mit en devoir de le panser un peu moins militairement. Sur ces entrefaites, Léon rentra.

« Ah ! ah ! dit-il au docteur, vous réparez le mal que j’ai fait.

— Tonnerre ! s’écria Fougas en s’échappant des mains de M. Nibor pour saisir Léon au collet. C’est toi, clampin ! qui m’as cassé l’oreille ? »

Léon était très-doux, mais la patience lui échappa. Il repoussa brusquement son homme.

« Oui, monsieur, c’est moi qui vous ai cassé l’oreille, en la tirant, et si ce petit malheur ne m’était pas arrivé, il est certain que vous seriez aujourd’hui