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valet et la servante, Alain et Georgette, sont tous les deux dans la maison. « Georgette ! crie Alain. — « Eh bien ? répond Georgette : — Ouvre là-bas ! — Vas-y, toi ! — Vas-y, toi ! — Ma foi, je n’irai pas ! — Je n’irai pas aussi. — Ouvre vite ! — Ouvre, toi » Et personne n’ouvre. Je crains bien, monsieur, que nous n’assistions à une représentation de cette comédie. La maison, c’est le corps du colonel ; Arnolphe, qui voudrait bien rentrer, c’est le principe vital. Le cœur et le cerveau remplissent le rôle d’Alain et de Georgette. « Ouvre là-bas ! dit l’un. — Vas-y, toi, » répond l’autre. Et le principe vital reste à la porte.

— Monsieur, répliqua en souriant le docteur Nibor, vous oubliez la fin de la scène. Arnolphe se fâche, il s’écrie :

Quiconque de vous deux n’ouvrira pas la porte,
N’aura pas à manger de plus de quatre jours !

« Et aussitôt Alain de s’empresser, Georgette d’accourir et la porte de s’ouvrir. Notez bien que si je parle ainsi, c’est pour entrer dans votre raisonnement, car le mot de principe vital est en contradiction avec l’état actuel de la science. La vie se manifestera dès que le cerveau ou le cœur, ou quelqu’une des parties du corps qui ont la propriété d’agir spontanément, aura repris la quantité d’eau dont elle a besoin. La substance organisée a des propriétés qui lui sont