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quelque part. Il est vrai qu’en hiver l’Italie ressemble beaucoup à la France. Il y gèle un peu moins, mais il y pleut beaucoup plus.

Le climat de Nice lui aurait fait grand bien. Don Diego avait déjà loué, sur la promenade des Anglais, une jolie villa peinte en rose, avec un jardin d’orangers en plein rapport. Mais elle s’ennuya de voir défiler au long du jour toute une population de poitrinaires. Les condamnés qu’on exile à Nice se font peur les uns aux autres, et chacun d’eux lit sa destinée dans la pâleur de son voisin. « Allons à Florence ! » dit-elle. Don Diego fit atteler pour Florence.

Elle trouva que la ville avait un air de fête qui semblait narguer son malheur. La première fois qu’on la conduisit à la promenade, qu’elle entendit la musique des régiments autrichiens, et que les bouquetières joufflues lancèrent des fleurs dans sa voiture, elle reprocha durement à son mari de l’avoir exposée à un contraste si cruel. Restait Pise ; on l’y porta. Elle voulut voir le Campo santo et le chef-d’œuvre épouvantable d’Orcagna. Ces peintures funèbres, ces tableaux de la Mort, maîtresse de la vie, frappèrent son imagination. Elle sortit de là plus morte que vive.

Elle exprima le désir d’aller jusqu’à Rome. Le climat de la grande ville ne pouvait pas lui faire grand bien, mais elle semblait arrivée à ce point