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jouait froidement le rôle d’un bon mari ; qu’il aimait une autre femme ; qu’il ne s’appartenait pas ; qu’il avait laissé son cœur en France. Elle songeait enfin que cet homme, si soigneux de la faire vivre longtemps, l’avait épousée dans l’espérance qu’elle mourrait bientôt, et elle s’indignait de le voir retarder de tous ses efforts l’événement qu’il hâtait de tous ses vœux.

Elle fut aussi dure pour lui qu’elle était douce pour tout le monde. Elle occupait le fond de la voiture avec la vieille comtesse. Don Diego, le docteur et l’enfant tournaient le dos aux chevaux. Si parfois l’enfant grimpait sur ses genoux, si la douairière, endormie par un mouvement monotone, laissait tomber sa tête sur cette épaule amaigrie, elle jouait avec l’enfant, elle berçait la douairière. Mais il ne fallait pas même que son mari lui demandât comment elle se trouvait.

Elle lui répondit un jour avec une cruauté sanglante : « Cela va bien ; je souffre beaucoup. » Don Diego regarda le paysage, et pleura sur les roues de la voiture.

Le voyage dura trois mois, sans changer ni la santé ni l’humeur de Germaine. Elle n’allait ni mieux ni plus mal ; elle traînait. Elle avait toujours son mari en grippe, mais elle s’accoutumait à lui. L’Italie entière passa le long de sa voiture sans qu’elle s’intéressât à rien, ni qu’elle voulût se fixer