désagréable ; une autre que Germaine l’aurait trouvé parfait. De tous ses compagnons de voyage, il fut assurément le plus patient, le plus attentif et le plus délicat ; un chevalier d’honneur chargé d’escorter une jeune reine n’aurait pas mieux fait son devoir. C’était lui qui disposait toutes choses pour la marche et pour le repos, réglait le pas des chevaux, choisissait les gîtes et préparait les logements. On marchait à petites journées, de manière à faire dix lieues en deux étapes.
Cette façon de courir pourrait user la patience d’un homme jeune et bien portant : don Diego ne craignait que d’aller trop vite et de fatiguer Germaine. Il était fumeur, je crois vous l’avoir dit. Dès le premier jour du voyage, il se réduisit à fumer deux cigares par jour, un le matin avant de partir, l’autre le soir avant de se coucher. Mais un matin la malade lui dit :
« N’avez-vous pas fumé ? Je le sens à l’odeur de vos habits. »
Il laissa ses cigares à la première auberge, et ne fuma plus.
La malade acceptait tout de son mari sans lui savoir gré de rien. Ne lui avait-elle pas donné plus qu’il ne pourrait jamais rendre ? Elle se répétait à tout propos que don Diego la soignait par devoir, ou plutôt par acquit de conscience ; que l’amitié n’entrait pour rien dans toutes ses attentions ; qu’il