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« Veux-tu, demanda Germaine, que je sois ta mère ?

— Oui, dit-il.

— Pauvre petit, ce n’est pas pour longtemps ; non !

— Non ! » fit l’enfant sans comprendre ce qu’il disait.

Dès ce moment le fils et la mère furent deux amis. Le petit Gomez ne voulut plus sortir de la chambre, et il assista d’autorité à la toilette de Germaine. Elle le tenait sur ses genoux quand le comte de Villanera vint souhaiter le bonjour à sa femme et lui baiser la main. Elle éprouva une sorte de honte de se voir ainsi surprise, et elle laissa glisser l’enfant sur le tapis.

Germaine n’avait encore aimé que sa mère et son père. Elle n’avait pas été en pension ; elle n’avait pas eu d’amies ; elle n’avait pas aperçu dans un parloir les grands frères de ses amies. Le gaspillage d’amour et d’amitié qui se fait dans les pensionnats, et qui use avant le temps le cœur des jeunes filles, n’avait pas entamé les richesses de son âme. Elle aima donc sa belle-mère et son fils en prodigue qui ne craint pas de se ruiner ; elle voua au docteur Le Bris une tendresse fraternelle, mais il lui semblait impossible d’aimer son mari : cela seul était au-dessus de ses forces ; il valait mieux y renoncer. Non que le comte fût un homme