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goûts de l’état de garde-malade. C’était à qui se chargerait des soins les plus pénibles et de ces corvées où éclate le dévouement du sexe sublime.

Le vieux duc donnait à sa femme un supplément de soucis dont elle se fût bien passée. L’argent lui avait rendu une troisième jeunesse. Jeunesse sans excuse, dont les folies froides et refrognées n’intéressent plus personne. Il vivait hors de chez lui, et la sollicitude discrète de la duchesse n’osait s’enquérir de ses actions. Il cherchait, disait-il, à se distraire de ses chagrins domestiques. L’or de sa fille glissait entre ses doigts, et Dieu sait quelles sont les mains qui le ramassaient ! Il avait perdu, en huit années de misère, ce besoin d’élégance qui ennoblit jusqu’aux sottises d’un homme bien né. Tous les plaisirs lui étaient bons, et il lui arriva d’apporter au chevet de Germaine les odeurs nauséabondes de l’estaminet. La duchesse tremblait à l’idée d’abandonner ce vieil enfant à Paris, avec plus d’argent qu’il n’en faut pour tuer dix hommes. De l’emmener en Italie, il n’y fallait pas songer. Paris était le seul endroit où il eût connu la vie, et son cœur était enchaîné au bitume des boulevards. La pauvre femme se sentait tirailler par deux devoirs contraires. Elle aurait voulu se déchirer en deux, pour adoucir les derniers moments de sa fille et pour ramener la vieillesse égarée de son incorrigible