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de sa tante en menus présents pour sa famille et ses amis. « Que ferons-nous de tout ceci, dit-elle, nous qui n’avons plus d’amis et plus de famille ? Voilà beaucoup de bien perdu. » Le duc ouvrit les tiroirs avec un noble dédain, en homme à qui toutes les splendeurs ont été familières ; mais son indifférence ne tint pas en présence de l’or. Ses yeux s’allumèrent. Ces mains aristocratiques, qui s’étaient ouvertes si souvent pour donner, se crispèrent avidement comme les serres d’un avare. Il prit plaisir à éventrer tous les rouleaux, à faire scintiller l’or fauve sous la lueur d’une lampe fumeuse ; il fit tinter à son oreille ces disques frémissants, qui sonnaient joyeusement les funérailles de Germaine.

La passion est un niveau brutal qui égalise tous les hommes. M. le duc de La Tour d’Embleuse aurait pu faire sa partie à neuf heures du matin, sous le vestibule de l’hôtel, dans le concert des domestiques. Cependant, l’éducation reprit le dessus. Le duc serra l’argent dans le tiroir et dit avec une froideur bien jouée : « C’est à Germaine ; garde-le bien, ma fille. Tu nous en prêteras un peu pour faire bouillir la marmite. Nous avons dîné sommairement aujourd’hui. Si j’étais riche comme je le serai dans un mois, je vous mènerais souper au cabaret. » La malade et la mourante devinèrent la secrète convoitise du vieillard. Vous