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sieurs années avec un seul poumon en très-mauvais état. Voilà l’autopsie dont je voulais parler.

— Je comprends, dit Mme Chermidy. Alors, si l’on tuait toutes les personnes qui vivent dans notre monde, on en trouverait quelques-unes qui n’ont pas les poumons au complet ?

— Et qui ne s’en portent pas beaucoup plus mal. Précisément, madame. »

Une heure plus tard, le cercle s’était renouvelé autour de la cheminée du salon. Mme Chermidy vit entrer un vieil allopathe endurci, qui ne croyait pas aux miracles, qui mettait volontiers les choses au pis, et s’étonnait qu’un animal aussi fragile que l’homme pût arriver sans accident jusqu’à la soixantaine.

« Docteur, lui dit-elle, vous auriez dû arriver un instant plus tôt, vous avez perdu un beau panégyrique de l’homœopathie. M. P., qui sort d’ici, se vantait de nous faire vivre tous sans un seul poumon. Est-ce que vous l’auriez laissé dire ? »

Le vieux médecin haussa les sourcils avec un imperceptible mouvement d’épaule. « Madame, reprit-il, le poumon est à la fois le plus délicat et le plus indispensable de tous nos organes ; il renouvelle la vie à chaque seconde par un prodige de combustion que Spallanzani et les plus grands physiologistes n’ont ni expliqué ni décrit. Sa contexture est d’une fragilité effrayante ; sa fonction l’expose à