monde. Nous sommes ainsi bâtis ; nous remercions intérieurement celui qui nous force à débiter notre tirade favorite ou à raconter l’histoire que nous disons bien. Celui qui nous fait montrer notre esprit n’est jamais une bête, et lorsqu’on est content de soi, on n’est mécontent de personne. Les hommes les plus intelligents travaillaient à la réputation de Mme Chermidy, tantôt en lui fournissant des idées, tantôt en disant avec une secrète complaisance :
« C’est une femme supérieure, elle m’a compris. »
Dans le cours de cette après-dînée, elle mit la main sur un homœopathe en renom, qui soigne les santés les plus illustres de Paris. Elle trouva moyen de le questionner devant sept ou huit personnes sur le point qui la préoccupait.
« Docteur, lui dit-elle, vous qui savez tout, apprenez-moi si l’on guérit les phthisiques ? »
L’homœopathe lui répondit galamment qu’elle n’aurait jamais rien à démêler avec cette maladie-là.
« Il ne s’agit pas de moi, reprit-elle. Je m’intéresse de tout mon cœur à une pauvre enfant dont les poumons sont dans un triste état.
— Envoyez-moi chez elle, madame. Il n’y a pas de guérison impossible à l’homœopathie.
— Vous êtes bien bon. Mais son médecin, un simple allopathe, assure qu’elle n’a plus qu’un poumon. Encore est-il attaqué.