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Les épouseurs sérieux ne lui manquaient pas ; on en trouve abondamment dans les ports de mer. Au retour des longues traversées, l’officier de marine a plus d’illusions, plus de naïveté, plus de jeunesse qu’il n’en avait le jour du départ ; la première femme qui se présente à ses yeux lui apparaît aussi belle et aussi sainte que la France retrouvée : c’est la patrie en robe de soie ! Le bonhomme Chermidy, simple comme un loup de mer, fut préféré pour sa candeur ; il croqua cette brebis récalcitrante à la barbe de ses rivaux.

Cette bonne fortune, qui aurait pu lui faire des ennemis, ne nuisit en rien à son avenir. Quoiqu’il vécût à l’écart, seul avec sa femme, dans une bastide isolée, il obtint un fort joli commandement sans l’avoir demandé. Depuis cette époque, il n’a vu la France qu’à très-rares intervalles ; toujours en mer, il a fait des économies pour sa femme, qui, de son côté, économisait pour lui. Honorine, embellie par la toilette, par l’aisance et par l’embonpoint, cette richesse du corps, a régné dix ans sur le département du Var. Les seuls événements qui aient signalé son règne sont la faillite d’un fournisseur de charbon et la destitution de deux officiers payeurs. À la suite d’un procès scandaleux où son nom ne fut pas prononcé, elle jugea à propos de se montrer sur une plus vaste scène, et elle prit l’appartement qu’elle occupe encore dans la rue du Cirque. Son