Page:About - Germaine.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Il le sait.

— Mourante ?

— Il le sait.

— Condamnée ?

— Il le sait. »

Un nuage passa sur la figure du vieux duc. Il s’assit au coin de la cheminée froide sans s’apercevoir qu’il était presque nu ; il appuya les coudes sur ses genoux et serra sa tête entre ses mains.

« Cela n’est pas naturel, reprit-il. Vous ne m’avez pas tout dit, et M. de Villanera doit avoir quelque motif secret pour demander la main d’une morte.

— En effet, répondit le docteur. Mais veuillez vous remettre au lit. C’est tout une histoire à raconter. »

Le duc revint se pelotonner sous la couverture. Ses dents claquaient de froid et d’impatience, et il attachait ses petits yeux sur le docteur avec la curiosité inquiète d’un enfant qui regarde ouvrir une boîte de bonbons. M. Le Bris ne le fit pas attendre.

« Vous savez, lui dit-il, quelle est la position de Mme Chermidy ?

— Veuve consolable d’un mari qu’on n’a jamais vu !

— J’ai rencontré M. Chermidy il y a trois ans, et je vous réponds que sa femme n’est pas veuve.

— Tant mieux pour lui ! Peste ! mari de Mme Chermidy ! c’est une sinécure qui doit rapporter de beaux appointements !