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eût commis le crime, la justice n’avait rien à faire contre un fou. La nature l’avait condamné à une mort prochaine, après quelques mois d’une existence pire que la mort.

Mais, en examinant de plus près le cadavre de Mme Chermidy, on trouva dans sa main crispée quelques cheveux plus courts et plus rudes que ceux d’une femme, et d’une couleur plus naturelle que ceux du vieux duc. Le greffier, en relevant un meuble renversé, ramassa un bouton de livrée aux armes des Villanera. Enfin, le tiroir où Mme Chermidy avait serré pour cent mille francs de valeurs, se trouva vide. Il fallait donc chercher un autre assassin que M. de La Tour d’Embleuse. On interrogea le Tas, mais on n’en put tirer aucune lumière. Elle se frappa le front et dit : « Que j’étais bête ! c’est lui. Le misérable ! je le ferais bien écorcher vif ; mais à quoi bon ? Il parlerait. Enterrez ma maîtresse ; jetez-moi aux ordures. Quant à lui, qu’il aille au diable ! »

La justice se transporta le jour même à la villa Dandolo. Mathieu Mantoux venait de coudre un bouton à sa veste de panne rouge. On remarqua que le bouton était neuf, et que ses cheveux ressemblaient à l’échantillon trouvé chez Mme Chermidy. En se voyant arrêter, il s’écria par une vieille habitude : « Peu de chance ! » M. Stevens le fit conduire au château Guilfort, à l’ouest de la ville, sur