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bruit, toutes les circonstances connues confirmaient l’idée d’un suicide.

Ce mot, prononcé à demi-voix, produisit sur le Tas l’effet d’une commotion électrique. Elle se leva en sursaut, courut au docteur, le regarda en face et s’écria : « Suicide ! C’est vous qui avez parlé de suicide ? Vous savez bien qu’elle n’était pas femme à se suicider ! Pauvre ange ! Elle avait la vie si belle ! Elle se portait si bien ! Elle aurait vécu cent ans si vous ne l’aviez pas assassinée. D’ailleurs, est-ce que le vieux n’est pas là ? où l’a-t-on mis ? Allez le voir, ou dites qu’on l’apporte : vous le verrez tout couvert de son sang ! » Elle aperçut le comte de Villanera qui s’était jeté dans un fauteuil et qui pleurait sans rien dire. « Vous voilà donc ! lui dit-elle. Il fallait venir plus tôt ! Ah ! monsieur le comte ! vous payez drôlement vos dettes d’amour ! On vous en donnera, du bonheur ! »

Tandis que le juge et le docteur entraient dans la pièce voisine, où une douloureuse surprise les attendait, le Tas entraîna le comte auprès du lit, le força de regarder son ancienne maîtresse et d’entendre une oraison funèbre qui lui fit dresser les cheveux sur la tête. « Voyez ! voyez ! criait-elle au milieu des sanglots ; voilà ces beaux yeux qui vous souriaient si tendrement, cette jolie bouche qui vous a donné de si bons baisers, ces grands cheveux noirs que vous vouliez dénouer vous-même :