Page:About - Germaine.djvu/314

Cette page a été validée par deux contributeurs.

voiture. Dix minutes après, ils s’arrêtaient devant la maison de Mme Chermidy. Du plus loin qu’ils l’aperçurent, le docteur changea d’avis et pensa qu’un malheur était arrivé. Une foule compacte assiégeait l’enclos, et les Maltais de la police, accourus à la nouvelle du crime, ne suffisaient pas à contenir la curiosité publique.

« Diable ! dit M. Le Bris, est-ce que la petite dame se serait tuée pour nous faire pièce ? Je ne la croyais pas si forte que cela. »

M. de Villanera mangeait sa moustache sans rien dire. Il avait aimé Mme Chermidy pendant trois ans, et il s’était cru sincèrement aimé. Son cœur se déchirait à l’idée qu’elle avait pu se tuer pour lui. Les souvenirs du passé se révoltaient contre toutes les affirmations du docteur et plaidaient victorieusement la cause d’Honorine.

La foule ouvrit un passage à M. Stevens et à ses compagnons. Ils arrivèrent, sous la conduite des agents de police, à la chambre mortuaire. Mme Chermidy était sur son lit, dans la toilette qu’elle portait la veille. Sa jolie tête grimaçait horriblement. Ses lèvres entr’ouvertes laissaient voir deux rangées de petites dents, serrées par la dernière convulsion de l’agonie. Ses yeux, qu’une main pieuse n’avait pas fermés à temps, semblaient regarder la mort avec épouvante. Le poignard était au milieu de la chambre, à la place où le Tas l’avait jeté. Le sang