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par le vent. Il chancelait sur sa base, sans oser se retenir aux meubles voisins. La chambre était encombrée d’objets de toute sorte, de malles ouvertes et fermées, et même de meubles renversés. Le duc se gouverna à travers ce désordre avec des précautions infinies. Il marchait à tâtons, effleurant chaque chose sans la toucher, et promenant dans l’ombre ses doigts meurtris. À chaque pas qu’il faisait, il murmurait à voix basse : « Honorine ! êtes-vous là ? m’entendez-vous ? C’est moi, votre vieil ami ; le plus malheureux, le plus respectueux de vos amis. N’ayez pas peur ; ne craignez rien, pas même que je vous fasse des reproches. J’étais fou à Paris, mais le voyage m’a changé. C’est un père qui vient vous consoler. Ne vous tuez pas : j’en mourrais ! »

Il s’arrêta, se tut et prêta l’oreille. Il n’entendit que les battements de son cœur. La peur le prit ; il s’assit un instant sur le plancher pour calmer son émotion et apaiser le bouillonnement de ses veines.

« Honorine ! cria-t-il en se relevant, êtes-vous morte ? » Ce fut la mort en personne qui lui répondit. Il trébucha contre un meuble et ses mains nagèrent dans une mare de sang.

Il tomba sur ses genoux, appuya ses bras sur le lit, et resta jusqu’au jour dans la même posture. Il ne se demanda point comment ce malheur avait pu