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sur le sable de l’allée, fit une gambade en appuyant l’index sur ses lèvres, et revint humer l’air de la chambre par l’ouverture qu’il avait faite. Il en gonflait sa poitrine avec une volupté avide : c’était la première fois qu’il respirait depuis dix jours.

Il allongea sa main dans la chambre, tâta la fenêtre à l’intérieur, trouva l’espagnolette et la saisit. Les carreaux étaient petits, l’ouverture étroite, le châssis lui coupait le bras et gênait ses mouvements ; cependant la fenêtre céda en criant sur ses gonds. Le duc s’effraya de ce bruit et pensa que tout était perdu. Il s’enfuit jusqu’au fond du jardin et grimpa dans un arbre, les yeux fixés sur la maison, l’oreille ouverte à tous les bruits. Il écouta longtemps, et n’entendit pas autre chose que la plainte douce et mélancolique des crapauds qui chantaient au bord du chemin. Il redescendit de son observatoire et marcha des pieds et des mains jusqu’à la fenêtre, tantôt baissant la tête pour n’être pas vu, tantôt la levant pour voir et pour entendre. Il revint à la place d’où la peur l’avait chassé, et il s’assura qu’Honorine dormait toujours.

La croisée s’ouvrit toute grande et ne cria plus. L’air de la nuit entra dans la maison sans éveiller la belle dormeuse. Le duc enjamba la fenêtre et se coula subtilement dans la chambre. La joie et la peur le faisaient trembler comme un arbre secoué