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n’aurait pas reçu une réponse de don Diego. Elle était fort agitée, et elle arpentait le salon dans tous les sens. Elle écoutait le Tas sans l’entendre, et regardait le forçat sans le voir. La courtoisie du comte de Villanera lui était assez connue pour qu’elle vît dans son absence et son silence des symptômes effrayants.

« Il ne m’aime donc plus ! disait-elle. Passe encore pour l’indifférence ; je saurais bien réchauffer sa froideur ! Mais il faut qu’on m’ait noircie à ses yeux, qu’on lui ait tout conté, qu’il me méprise ! Sans cela, il ne m’aurait jamais traitée ainsi. M’offrir de l’argent par l’intermédiaire de cet odieux Le Bris ! Et en quels termes, grands dieux ! S’il me voit des mêmes yeux que son ambassadeur, s’il ne m’estime plus, j’aurai beau faire : il ne reviendra jamais. Veuf ou non, il est perdu pour moi. Alors ! à quoi bon … ? pure vengeance ? Eh bien, soit : je me vengerai ! Mais attendons. S’il n’accourt pas ici lorsqu’il aura lu mon message, c’est que tout est perdu !

— Madame, interrompit Mantoux, il faut que j’aille servir mon dîner, et si madame a quelque chose à me commander…

— Va servir ton dîner, lui dit-elle. Tu es à moi. Écoute bien tout ce qu’ils diront, pour me le répéter.

— Oui, madame.