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un serpent. « Madame, dit-elle à l’inconnue, vous êtes Mme Chermidy ! »

Mme Chermidy se leva à son tour et marcha droit à Germaine, comme pour lui passer sur le corps. « Oui, dit-elle, je suis la mère du marquis et la femme, devant Dieu, de don Diego. À quoi m’avez-vous reconnue ?

— Au ton dont vous avez parlé de l’enfant. »

Cela fut dit avec une telle douceur, que Mme Chermidy fut saisie d’un sentiment étrange. La colère, la surprise et toutes les émotions qui l’étouffaient éclatèrent en un vaste sanglot, et deux grosses larmes tombèrent sur ses joues. Germaine ne savait pas qu’on pleurait de rage. Elle plaignit son ennemie, et lui dit naïvement : « Pauvre femme ! »

Les deux larmes séchèrent instantanément, comme les gouttes de pluie qui tombent dans un cratère.

« Pauvre femme ! moi ! répliqua aigrement Mme Chermidy. Eh bien, oui, je suis à plaindre, parce que j’ai été trompée ! parce qu’on a abusé de ma bonne foi ! parce que le ciel et la terre ont conspiré ensemble pour me trahir ; parce qu’on m’a volé un nom, une fortune, l’homme que j’aime et le fils que j’ai enfanté dans les douleurs et dans les cris ! »

Germaine fut épouvantée de cette explosion de colère. Elle tourna les yeux vers la maison comme pour appeler du secours.