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Elle aperçut à l’ombre d’un vieil oranger, du côté de la plage, une femme vêtue de blanc qui se promenait un livre à la main. Elle était trop loin pour reconnaître la figure, mais la couleur de la robe lui donna à penser. On ne s’habille pas de blanc dans une maison en deuil. Toutes les observations qu’elle avait recueillies depuis cinq minutes se combattaient dans son esprit. L’abandon presque absolu de la villa pouvait faire croire à la mort de Germaine. Les portes ouvertes, les domestiques absents, les maîtres partis, et pour où ? Peut-être pour Paris ! Mais comment n’en savait-on rien à la ville ? Germaine était-elle guérie ? Impossible, en si peu de temps. Était-elle encore malade ? Mais alors on la soignerait, on ne laisserait pas les portes ouvertes. Elle hésitait à s’avancer vers la promeneuse blanche, lorsqu’un enfant enjamba l’allée en courant et s’enfonça sous les arbres, comme un lapin effarouché qui traverse un sentier de forêt. Elle reconnut son fils et reprit de l’audace. « Qu’est-ce que je crains ? pensa-t-elle. Personne n’a le droit de me chasser d’ici. Qu’elle vive ou qu’elle meure, je suis mère et je viens voir mon fils. »

Elle marcha droit à l’enfant. Le petit Gomez eut peur lorsqu’il vit cette femme en deuil ; il s’enfuit, en criant, vers sa mère. Mme Chermidy fit quelques pas à sa poursuite, et s’arrêta tout court en présence de Germaine.