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« Bonjour, monsieur le duc, lui cria-t-elle. Bonjour et adieu. »

Il pâlit, et répéta stupidement : « Adieu ?

— Oui, adieu. Vous ne me demandez pas où je vais ?

— Si.

— Eh bien, soyez satisfait ; je vais à Corfou.

— À propos, dit-il, je crois bien que ma fille est morte. Le docteur me l’a écrit ce matin. Je suis bien malheureux, Honorine, et vous devriez avoir pitié de moi.

— Ah ! vous êtes malheureux ! et la duchesse aussi est malheureuse ! Et la vieille Villanera doit pleurer des larmes noires sur ses joues basanées ! Mais moi, je ris, je triomphe, j’enterre, j’épouse, je règne ! Elle est morte ! elle a enfin payé sa dette ! elle me rend tout ce qu’elle m’avait pris ! je rentre en possession de mon amant et de mon fils ! Pourquoi me regardez-vous avec ces yeux étonnés ? Est-ce que vous croyez que je vais me contraindre ? C’est bien assez d’avoir avalé ma rage pendant huit mois. Tant pis pour ceux que mon bonheur offusque : ils n’ont qu’à fermer les yeux ; moi, j’éclate ! »

Cette joie effrontée rendit au vieillard une lueur de raison. Il se leva ferme sur ses jambes et dit à la veuve : « Songez-vous bien à ce que vous faites ? Vous vous réjouissez devant moi de la mort de ma fille !