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Si la duchesse avait été là, il l’aurait priée de la lire et de l’expliquer. Mais il rompit le cachet sur le seuil de sa porte, en courant à la rue du Cirque, et il était trop pressé pour rebrousser chemin. À force de relire, il devina qu’il s’agissait de sa fille. Il haussa les épaules et se dit tout en courant : « Ce Le Bris est toujours le même. Je ne sais pas ce qu’il a contre ma fille. La preuve qu’elle ne doit pas mourir, c’est qu’elle se porte bien. » Cependant il réfléchit que le docteur pouvait bien dire la vérité. Cette idée lui fit peur : « C’est un grand malheur pour nous, disait-il en courant de plus belle. Je suis un père inconsolable. Il n’y a pas de temps à perdre. Je vais l’annoncer à Honorine. Elle me plaindra bien, car elle a bon cœur. Elle aura pitié de moi. Elle essuiera mes larmes ; et, qui sait…. » Il souriait d’un air hébété en entrant dans le salon.

Jamais Mme Chermidy n’avait été si radieuse et si belle. Sa figure était un soleil ; le triomphe éclatait dans ses yeux ; son fauteuil luisait comme un trône, et sa voix sonnait comme une fanfare. Elle se leva pour le duc : ses pieds ne touchaient pas le tapis, et sa tête superbe de joie semblait monter jusqu’au lustre. Le vieillard s’arrêta tout hébété et tout pantois en la voyant ainsi transfigurée. Il balbutia quelques mots inintelligibles, et il se laissa lourdement tomber dans un fauteuil.

Mme Chermidy vint s’asseoir auprès de lui.