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donné la préférence à la duchesse. Mais la duchesse ne sortait de sa chambre que pour aller à l’église : Mme Chermidy ne pouvait la rencontrer là. On pouvait bien affamer ce ménage ducal, mais l’opération aurait pris du temps. En retrouvant de l’argent, les La Tour d’Embleuse avaient relevé leur crédit. La belle ennemie de la famille n’avait que le duc en son pouvoir ; elle jura de lui faire perdre la tête, et elle y réussit.

Dans les bains russes, lorsque le patient sort d’une étuve brûlante, lorsque son corps s’est accoutumé par degrés à une haute température, que la chaleur a dilaté largement tous les pores de sa peau, qu’un sang précipité circule dans ses veines, et que sa figure s’épanouit toute rouge comme une pivoine en fleur, on le conduit doucement sous un robinet d’eau froide ; une douche glacée lui tombe sur la tête et le transit jusqu’au fond des os. Mme Chermidy traita le duc par la même méthode. Les Russes s’en trouvent bien, dit-on ; le pauvre vieillard s’en trouva mal. Il fut victime de la coquetterie la plus odieuse qui ait jamais torturé le cœur d’un homme. Mme Chermidy lui persuada qu’elle l’aimait, le Tas lui en fit le serment, et s’il avait consenti à se payer de paroles, il aurait été le plus heureux sexagénaire de Paris. Il passait sa vie rue du Cirque, et il y souffrait le martyre. Il y dépensait tous les jours autant d’éloquence et de pas-