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au profit d’une autre. L’amour maternel trouve à se loger partout ; c’est un hôte sans préjugés, qui souffre le voisinage des plus mauvaises passions. Il vit à l’aise dans le cœur le plus dépravé et l’âme la plus perdue. Mme Chermidy pleura quelques larmes de bon aloi en pensant qu’elle avait aliéné la propriété de son fils et abdiqué le nom de mère.

Elle était sincèrement malheureuse. C’est au théâtre que le malheur vrai est un privilège de la vertu. Les distractions ne lui auraient pas manqué, et elle n’avait qu’à choisir ; mais elle savait par expérience que le plaisir ne console de rien. Depuis plus de dix ans, sa vie avait été bruyante et agitée comme une fête ; mais c’est la paix de l’âme qui en avait payé tous les frais. Il n’y a rien de plus vide, de plus inquiet et de plus misérable que l’existence d’une femme qui fait son chemin dans les plaisirs. L’ambition qui l’avait soutenue depuis son mariage lui fut désormais de peu de ressource ; c’était comme un roseau fêlé qui plie sous la main du voyageur. Elle était assez riche pour dédaigner d’accroître sa fortune ; il y a peu de différence entre un million de revenu et cinq cent mille francs de rente ; quelques chevaux de plus à l’écurie, quelques laquais de plus dans la cour, n’ajoutent presque rien au bonheur du maître. Ce qui l’aurait amusée pendant quelque temps, c’était un beau nom à promener dans le monde. Elle songea plus