reil, l’approcha de son lit et but avidement la vapeur violette. Elle se hâtait avec joie ; elle n’éprouvait ni dégoût, ni fatigue ; elle avalait à longs traits la santé et la vigueur. Elle était fière de prouver au docteur qu’il avait eu trop de prudence ; elle se complaisait dans une folie héroïque, et risquait sa vie par amour pour don Diego.
On n’a su ni quelle quantité d’iode elle avait aspirée, ni combien de temps elle avait prolongé cette fatale imprudence. Quand la vieille comtesse se déroba du salon pour venir savoir de ses nouvelles, elle trouva l’appareil brisé sur le parquet, et la malade en proie à une fièvre violente. On la soigna comme on put, jusqu’à l’arrivée de M. Le Bris, qui revint à cheval vers le milieu de la nuit. Tous les convives couchèrent à la villa Dandolo pour attendre des nouvelles. Le docteur fut épouvanté de l’agitation de Germaine. Il ne savait s’il fallait l’attribuer à un usage immodéré de l’iode ou à quelque émotion dangereuse. Mme de Villanera accusait secrètement le comte Dandolo ; don Diego s’accusait lui-même.
Le lendemain, M. Le Bris reconnut dans les poumons une inflammation qui pouvait causer la mort. Il appela le docteur Delviniotis et deux de ses confrères. Les médecins différaient sur la cause du mal, mais aucun n’osa répondre de le guérir. M. Le Bris avait perdu la tête comme un capitaine de vais-