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êtes auprès de moi, mon cœur se dilate et se gonfle si fort que ma poitrine en est pleine. Quand vous parlez, votre voix bourdonne dans mes oreilles, et je m’enivre à vous entendre. Chaque fois que ma main touche la vôtre, je me sens émue dans tout mon corps, et j’éprouve je ne sais quel doux frisson à la racine des cheveux. Quand vous vous éloignez pour un instant, quand je ne peux ni vous voir ni vous entendre, il se fait un grand vide autour de moi et je sens un manque qui m’accable. Maintenant, don Diego, dites-moi si je vous aime, car vous avez plus d’expérience que moi, et vous ne pouvez pas vous tromper là-dessus. Je ne suis qu’une petite ignorante, mais vous devez bien vous rappeler si c’est ainsi qu’on vous aimait à Paris. »

Cette confession naïve descendit comme une rosée dans le cœur de don Diego. Il en fut si délicieusement rafraîchi, qu’il oublia non-seulement les soucis présents, mais encore les plaisirs passés. Une lumière nouvelle éclaira son esprit ; il compara d’un seul coup d’œil ses anciennes amours, agitées et bourbeuses comme un ruisseau d’orage, à la douce limpidité du bonheur légitime. C’est l’histoire de tous les jeunes maris. Le jour où l’on repose sa tête sur l’oreiller conjugal, on s’aperçoit avec une douce surprise qu’on n’avait jamais bien dormi.

Le comte baisa tendrement les deux mains de Germaine, et lui dit :