Page:About - Germaine.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.

êtes si bon ! si grand ! si noble ! si beau ! Ne vous en défendez pas et ne hochez pas la tête. Je n’ai pas plus mauvais goût qu’une autre, et je sais bien ce que je dis. Vous ne ressemblez ni à M. Le Bris, ni à Gaston de Vitré, ni à Spiro Dandolo, ni à tous ceux qui ont du succès auprès des femmes ; et pourtant c’est en vous voyant la première fois que j’ai compris que l’homme était la plus belle créature de Dieu.

— Vous m’aimez donc un peu, Germaine ?

— Il y a longtemps, allez ! Depuis le jour où vous êtes entré à l’hôtel de Sanglié. C’était pourtant bien mal, ce que vous veniez faire chez nous. Quand le docteur avait proposé le marché à mes parents, j’avais cru épouser un vilain homme. Je me promettais de vous souffrir avec patience et de vous quitter sans regrets. Mais lorsque je vous ai trouvé au salon, j’ai été honteuse pour vous, et j’ai regretté qu’un si vilain calcul fût né dans une tête si noble et si intelligente. Alors je me suis mise à vous maltraiter : vous comprenez pourquoi ? Je serais morte de dépit si vous aviez deviné que je vous aimais. Cela n’était pas dans nos conventions. Pendant tout le voyage en Italie, je me suis appliquée à vous faire de la peine. Croyez-vous que je me serais conduite avec tant d’ingratitude si vous m’aviez été indifférent ? Mais j’étais furieuse de voir que vous ne me traitiez si bien que pour l’acquit de votre conscience. Et puis, malgré moi, je pensais à l’autre