régulière, un bruit aussi constant que le mouvement d’une pendule. L’oreille du médecin, lorsqu’elle s’est accoutumée à entendre cette harmonie de la santé, reconnaît à des signes certains le plus petit désordre intérieur. La maladie se raconte et s’explique elle-même à l’observateur intelligent ; il assiste aux progrès de la vie ou de la mort comme le témoin caché derrière une porte devine les moindres incidents d’un combat ou d’une querelle. Un son mat désigne au médecin les parties du poumon où l’air ne pénètre plus ; un râle particulier lui indique ces cavernes envahissantes qui caractérisent la dernière période de la phthisie. M. Le Bris reconnut bientôt que les parties imperméables à l’air se circonscrivaient de jour en jour ; que le râle s’éteignait peu à peu ; que l’air rentrait en chantant dans les cellules vivifiées qui enveloppaient les cavernes cicatrisées. Il avait dessiné, pour la vieille comtesse, la carte exacte des ravages que la maladie avait faits dans la poitrine de la jeune femme. Tous les matins, il traçait au crayon un nouveau contour qui attestait le progrès quotidien de la guérison. Balzac a supposé un étrange malade, dont la vie, figurée par une peau de chagrin, va se rétrécissant chaque jour. Le dessin du docteur Le Bris se rétrécissait tous les matins, pour le salut de Germaine.
Le 31 du mois d’août, M. Le Bris, heureux comme un vainqueur, donna un coup de pied jusqu’à la