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lorsqu’il lisait auprès de sa mère, il voyait luire des soleils entre les pages du livre ; il s’arrêtait comme ébloui au milieu de sa lecture ; il rêvait à propos d’un vers qui ne l’avait jamais frappé. Le baiser du soir qu’il donnait à Mme de Vitré brûlait le front de sa mère. Lorsqu’il priait, à genoux, la tête appuyée contre son lit, il voyait passer entre ses yeux et ses paupières des images étranges.

Il ne dormait plus tout d’une pièce, comme autrefois ; son sommeil était entrecoupé. Il se levait bien avant le jour et courait dans la campagne avec une impatience fébrile. Son fusil était plus léger sur son épaule ; ses pieds couraient plus lestement dans les herbes desséchées. Il s’aventurait plus loin sur la mer, et ses bras, plus robustes, se réjouissaient de pousser les avirons ; mais quel que fût le but de sa promenade, un charme invisible le jetait tous les jours dans le voisinage de Germaine. Il y arrivait par terre et par mer ; il se tournait vers elle comme la boussole vers l’étoile, sans avoir conscience du pouvoir qui l’attirait. On l’accueillait en ami, on avait du plaisir à le voir et l’on ne s’en cachait pas. Cependant il était toujours pressé de partir, il n’entrait qu’en passant, sa mère l’attendait ; il s’asseyait à peine. Mais le soleil couchant le trouvait encore auprès de la chère convalescente, et il s’étonnait de voir que les journées fussent si courtes au mois d’août.