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ne devina pas que c’était lui qui payerait la carte. Il se léchait les lèvres, au dire des rapports officiels, et il se promettait d’écouter de toutes ses oreilles les comédies qui assaisonnent un festin chinois.

Il descendit à terre avec le consul et quatre hommes d’escorte, par une belle pluie battante. Vous pouvez croire qu’il n’avait pas oublié son grand uniforme. Une députation de magistrats le reçut à l’échelle avec tous les compliments de rigueur. Je suppose qu’il ne fut pas mécontent de la harangue. Si les Chinois adorent les compliments, les marins ne les détestent pas. On le hissa sur un petit cheval du pays. Je le vois d’ici, trottant en pincettes. L’animal (soit dit sans équivoque) enfonçait dans la boue jusqu’aux genoux ; les villes de Chine sont pavées d’un macadam à deux fins, carrossable et navigable. Douze jeunes gens vêtus de soie rose marchaient à sa droite et à sa gauche, une plume de paon à la main. Ils chantaient du haut de leur nez les louanges du grand, du puissant, de l’invincible Chermidy, et ils agaçaient doucement sa monture avec les barbes de leurs plumes. Les petits chatouillaient les naseaux, les grands caressaient l’intérieur des oreilles, si bien et si longtemps que l’animal se cabra. Le cavalier, maladroit comme un marin, tomba sur le dos. Les enfants coururent à lui et lui demandèrent tous à la fois s’il s’était fait mal, s’il n’avait besoin de rien,