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importuns et recherche le tête-à-tête, autant l’amour naissant aime la foule et les distractions. Dès que nous commençons à nous sentir possédés par un autre, il nous semble que les étrangers et les indifférents nous protègent contre notre faiblesse, et que nous serions sans défense s’ils n’étaient plus là.

Mme de Villanera servait, sans le savoir, ce secret désir de Germaine. Elle retenait auprès d’elle Mme de Vitré, à qui elle s’attachait de jour en jour. Don Diego n’en était pas venu à ce point où un amant supporte impatiemment la compagnie des étrangers ; son affection pour Germaine était encore désintéressée, parce qu’elle était froide et tranquille. Il recherchait avant tout ce qui pouvait distraire la jeune femme et la rattacher doucement à l’existence. Peut-être aussi cet homme timide, comme tous les hommes vraiment forts, évitait de s’expliquer à lui-même le sentiment nouveau qui l’attirait vers elle. Il craignait de se voir pris entre deux devoirs contraires ; il ne pouvait se dissimuler qu’il était engagé pour la vie avec Mme Chermidy. Il la croyait digne de son amour, il l’estimait malgré sa faute, comme on estime la femme innocente ou coupable dont on se sait aimé. Si l’on était venu, preuves en main, lui apprendre que Mme Chermidy n’était pas digne de lui, il aurait éprouvé un sentiment d’angoisse et non de délivrance. On ne