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sa femme jusqu’au jour où il serait sûr d’en être aimé.

Les hôtes de la villa Dandolo ne vivaient pas dans une solitude aussi abstraite qu’on pourrait le supposer. L’isolement ne se rencontre que dans les grandes villes, où chacun vit pour soi sans s’inquiéter des voisins. À la campagne, les plus indifférents se rapprochent ; on n’y craint pas un voyage d’une heure ; l’homme sait qu’il est né pour la société, et cherche la conversation de ses semblables.

Il se passait peu de jours sans que Germaine reçût quelque visite. On vint chez elle d’abord par curiosité, puis par intérêt bienveillant, enfin par amitié. Ce coin de l’île était habité en toute saison par cinq ou six familles modestes, qui auraient été pauvres à la ville, et qui ne manquaient de rien sur leurs terres, parce qu’elles savaient se contenter de peu. Leurs châteaux tombaient en ruine, et l’on manquait d’argent pour les réparer ; mais on entretenait avec soin, au-dessus de la porte d’entrée, un écusson contemporain des croisades. Les îles Ioniennes sont le faubourg Saint-Germain de l’Orient ; vous y retrouvez les grandes vertus et les petits travers de la noblesse, orgueil, dignité, pauvreté décente et laborieuse, et une certaine élégance dans la vie la plus dénuée.

Le propriétaire de la villa, M. le comte Dandolo,