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leur âcre parfum dans le voisinage, quand les fleurs du laurier-rose nous pleuvent sur la tête, quand les pins secoués par le vent sonnent comme des lyres et que les voiles blanches se dessinent au loin sur la mer comme des Néréides, alors il faut être bien sourd et bien aveugle pour voir et pour entendre autre chose que l’amour !

Don Diego s’aperçut un jour que Germaine avait changé à son avantage. Ses joues étaient plus pleines et mieux nourries ; les sillons de ce joli visage se remplissaient ; les plis sinistres commençaient à s’effacer. Une couleur plus saine, un hâle de bon augure colorait son beau front, et ses cheveux d’or n’étaient plus la couronne d’une morte.

Elle venait d’écouter une lecture assez longue ; la fatigue et le sommeil l’avaient prise en même temps ; elle avait laissé tomber sa tête en arrière ; et tout le corps s’en était allé dans les bras du fauteuil. Le comte était seul avec elle. Il déposa son livre à terre, s’approcha doucement, se mit à genoux devant la jeune fille et avança les lèvres pour la baiser au front ; mais il fut retenu par un instinct de délicatesse. Pour la première fois, il songea avec horreur à la façon dont il était devenu le mari de Germaine ; il eut honte du marché ; il se dit qu’un baiser obtenu par surprise serait quelque chose comme un crime, et il se défendit d’aimer