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le jeûne, la prière, et un régime assez mortifiant pour tuer le vieil homme. Il y a peut-être encore plus de mérite à combattre comme don Diego, en soldat désarmé. M. Le Bris le suivait du coin de l’œil, comme un malade qu’il faut préserver des rechutes. Il lui parlait rarement de Paris, jamais de la rue du Cirque. Il lut dans un journal français que la Naïade s’était embossée devant Ky-Tcheou, dans la mer du Japon, pour demander réparation de l’insulte faite à nos missionnaires : il déchira le journal en petits morceaux, pour qu’il ne fût pas question de M. Chermidy.

Il y a, en Orient, des heures où la brise du midi enivre plus puissamment les sens de l’homme que le vin de Tinos qu’on boit sous le nom de malvoisie ; le cœur se fond comme une cire ; la volonté se détend, l’esprit faiblit. On s’efforce de penser, les idées nous échappent comme une eau qui fuit entre les doigts. On va chercher un livre, un doux et vieil ami ; on lit ; les yeux s’égarent dès les premiers vers ; le regard nage, les paupières s’ouvrent et se ferment sans savoir pourquoi. C’est dans ces heures de demi-sommeil et de douce quiétude que nos cœurs s’ouvrent d’eux-mêmes. Les mâles vertus triomphent à bon marché quand un froid piquant nous rougit le nez et nous coupe les oreilles, et que le vent de décembre serre les fibres de la chair et de la volonté. Mais quand les jasmins sèment